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Des réserves dans le monde de la santé après la nomination de Catherine Vautrin à la tête d’un grand ministère social

Cette fois-ci, c’est la bonne. Pressentie pour être première ministre, en mai 2022, avant qu’Emmanuel Macron ne change d’avis au profit d’Elisabeth Borne, Catherine Vautrin effectue une entrée remarquée au gouvernement. Elle se voit confier un ministère aux attributions extrêmement larges – travail, santé et solidarités – qui lui vaut d’occuper le quatrième rang dans la hiérarchie protocolaire, derrière Bruno Le Maire (économie, finances) et Gérald Darmanin (intérieur, outre-mer). A 63 ans, la nomination de l’ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy, lors de la primaire de la droite en 2016, est censée illustrer le « dépassement » des clivages voulu par le chef de l’Etat, ce qui se traduit par le débauchage de nouvelles personnalités issues du parti Les Républicains (LR).
Actuellement présidente de la communauté urbaine du Grand Reims – la ville où elle a décroché son premier mandat en devenant conseillère municipale en 1983 –, Mme Vautrin a travaillé dans le privé, en particulier au sein de la société d’assurances privée Cigna, avant de basculer à 100 % dans la sphère politique. Elue députée de la Marne en 2002 sous l’étiquette UMP-RPR, elle rejoint le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, deux ans après, comme secrétaire d’Etat à l’intégration et à l’égalité des chances, puis comme secrétaire d’Etat aux personnes âgées.
A la faveur d’un remaniement consécutif à l’arrivée de Dominique de Villepin à Matignon, en 2005, elle prend du galon, avec le portefeuille de ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, où elle s’occupe – entre autres – des sans-abri. « Elle a une vraie appétence pour les questions sociales et une sensibilité de droite humaniste », estime Franck Morel, conseiller d’Edouard Philippe lorsque celui-ci était premier ministre (mai 2017-juillet 2020).
Elle a des positions conservatrices sur certaines questions de société, comme le mariage pour tous, auquel elle s’oppose en 2013. Un choix qui a contribué à lui barrer la route de Matignon et qu’elle regrettera : « J’ai raté ce rendez-vous qui est aujourd’hui devenu une évidence », dit-elle en 2023. Malgré ce mea culpa, les associations défendant les droits des personnes LGBT+ ont exprimé leur inquiétude, jeudi 11 janvier au soir, après sa nomination.
Désormais titulaire d’un énorme maroquin ministériel, Mme Vautrin récupère les dossiers jusqu’alors traités par Olivier Dussopt, le ministre du travail sortant : mise en place de la réforme du revenu de solidarité active (RSA), qui a durci les obligations pesant sur les allocataires ; lancement de France Travail, l’opérateur qui remplace Pôle emploi depuis le 1er janvier ; poursuite de l’action visant à atteindre le plein-emploi, avec un taux de chômage de 5 % en 2027, contre 7,4 % à l’heure actuelle (ce qui est souvent vu comme une gageure), etc. Elle va aussi accompagner la négociation que les partenaires sociaux viennent d’ouvrir sur le maintien en activité des seniors et qui a vocation, en principe, à être reprise dans un projet de loi – si les discussions débouchent sur un accord.
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